Chocolate

La destruction de parcs nationaux par l’industrie du chocolat révélée par une enquête

Chocolate

Sept 2017

La culture du cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana est responsable de la disparition de vastes étendues boisées, et met en péril l’habitat des chimpanzés et des éléphants

WASHINGTON DC. — Une nouvelle enquête menée par Mighty Earth et intitulée L’amère déforestation du chocolat, révèle qu’une quantité importante du cacao avec lequel Mars, Nestlé, Hershey, Godiva et d’autres grandes marques fabriquent leur chocolat est cultivée illégalement dans des parcs nationaux et des aires protégées en Côte d’Ivoire et au Ghana. Ces deux pays sont les plus grands producteurs de cacao au monde.

Ce rapport démontre que plusieurs parcs nationaux et aires protégées ont vu 90 % de leur surface, voire davantage, convertie en cultures de cacao, alors que les forêts denses ne recouvrent plus que 4 % de la Côte d’Ivoire. Le laxisme des chocolatiers en matière d’approvisionnement a également entraîné une déforestation massive au Ghana. En Côte d’Ivoire, la déforestation a chassé les chimpanzés qui vivent aujourd’hui dans des petites poches de forêts. Ce phénomène a aussi contribué à réduire drastiquement la population d’éléphants à 200-400 spécimens, quand ce pays pouvait s’enorgueillir jadis d’en compter plusieurs dizaines de milliers.

Trois sociétés, Cargill, Olam et Barry Callebaut, contrôlent à elles seules près de la moitié du marché mondial du cacao. L’enquête de Mighty Earth a remonté la filière du cacao, des cultivateurs installés dans les parcs nationaux aux intermédiaires et jusqu’aux négociants qui vendent ensuite ce cacao en Europe et aux États-Unis, là où les grandes sociétés de chocolaterie le transforment en tablettes, barres, pâtes à tartiner et autres en-cas.

« Le degré d’implication de marques célèbres de chocolat comme Mars dans la destruction des parcs nationaux et des aires protégées est choquant », a déclaré Etelle Higonnet, Directrice juridique et Directrice de campagne pour Mighty Earth. « Ces sociétés doivent immédiatement prendre des mesures fortes pour mettre un terme une bonne fois pour toutes à la déforestation, et remédier aux dégâts causés par le passé. »

Avec des forêts d’Afrique de l’Ouest au bord de l’épuisement, le secteur du chocolat a commencé à étendre son modèle non durable à d’autres régions tropicales humides comme l’Amazonie péruvienne, le bassin du Congo et les forêts paradisiaques d’Asie du Sud-Est.

 

« Nous espérons que ces autres pays prendront conscience des méfaits de l’industrie du chocolat en Côte d’Ivoire, et qu’ils empêcheront ses acteurs de répéter ailleurs leurs mauvaises pratiques », poursuit Etelle Higonnet. 

« Les anciennes forêts de notre nation étaient autrefois un paradis pour la faune comme les chimpanzés, les léopards, les hippopotames, et les éléphants. Aujourd’hui, elles sont fortement dégradées et déboisées, et sont sur le point de disparaître », a déclaré SIGNO Kouamé Soulago Fernand, Secrétaire général du ROSCIDET, un réseau d’ONG ivoiriennes spécialisées dans la protection de l’environnement et dans le développement durable.

« Cette déforestation est due principalement à la culture du cacao. Or, nous devons parvenir à développer une agriculture respectueuse des forêts et qui profite réellement aux communautés et à l’économie du pays. Les grands groupes chocolatiers doivent soutenir les actions du gouvernement en ce sens à la fois financièrement et sur un plan technologique. »

L’enquête a révélé que d’importants campements de cultivateurs de cacao, qui comptent parfois de dizaines de milliers d’habitants, se sont installés dans l’enceinte même d’aires protégées comme des parcs nationaux. Nous avons pu démontrer que des négociants achetaient ouvertement ces fèves cultivées illégalement pour les vendre ensuite aux plus grands chocolatiers du monde. Malgré les nombreuses initiatives publiques en matière de développement durable lancées par ces derniers, ces pratiques se sont perpétuées sans réel changement.

« L’industrie du cacao poursuit son exploitation des forêts et des communautés d’Afrique de l’Ouest pour un cacao vendu pour une bouchée de pain », a déclaré Sindou BAMBA, Coordinateur général de Regroupement des acteurs ivoiriens des droits humains (RAIDH). « Mais ce cacao bon marché coûte en revanche fort cher à la Côte d’Ivoire en matière de déforestation et d’abus des droits humains. Il est grand temps que ce secteur achète le cacao à un prix décent aux agriculteurs et qu’il mette en œuvre des pratiques de production durables afin d’assurer la résilience des écosystèmes locaux, car nous finirons tous par payer tôt ou tard le prix de la destruction de ces forêts. »

Les cultivateurs de cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana gagnent en moyenne moins de 0,82 $ par jour et travaillent souvent de longues heures dans des conditions dangereuses. Le travail des enfants reste encore une pratique courante pour ce secteur, malgré les promesses de nombreux chocolatiers d’éliminer cette pratique.

Ce rapport arrive à point nommé pour le secteur du chocolat qui doit saisir cette occasion pour prendre de véritables mesures orientées vers un futur plus responsable sur le plan environnemental. Au début de cette année, le Prince Charles a convoqué les PDG et hauts dirigeants de 34 grandes entreprises du secteur du chocolat pour les exhorter à agir contre la déforestation. Ces entreprises ont promis de présenter un plan concret en novembre, à l’occasion du prochain sommet sur le climat à Bonn. 

« Ce rapport montre que le secteur du chocolat proclame depuis longtemps des engagements en matière de développement durable, mais que cela ne l’a pas empêché de se comporter de manière indigne, a déclaré Etelle Higonnet. Le Prince Charles est parvenu à réunir les acteurs de ce secteur autour d’une table afin qu’ils réfléchissent enfin à des actions concrètes, et a créé ainsi une occasion unique pour impulser un changement possible. »

 

À propos de Mighty Earth

 Migthy Earth est une organisation internationale de campagnes environnementales qui s’attache à la protection des forêts, à la conservation des océans, et se préoccupe du changement climatique. www.mightyearth.org. Nous travaillons en Afrique, en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et en Amérique du Nord pour mener des actions à grande échelle en faveur d’une agriculture responsable qui respecte les écosystèmes naturels, la vie sauvage, l’eau et les droits des communautés locales. L’équipe mondiale de Mighty Earth a joué un rôle décisif en persuadant les plus grandes entreprises mondiales de l’agroalimentaire d’améliorer drastiquement leurs politiques et leurs pratiques environnementales et sociales.

Vous trouverez plus d’information au sujet de Mighty Earth sur : https://www.mightyearth.org/.

 

Read the full report here.


Investigation Links Chocolate to Destruction of National Parks

Chocolate

Cocoa production in Ivory Coast and Ghana responsible for the owoss of extensive forested areas, endangered chimpanzee and elephant habitat

WASHINGTON D.C.– A new investigation by Mighty Earth, “Chocolate’s Dark Secret,” finds that a large amount of the cocoa used in chocolate produced by Mars, Nestle, Hershey’s, Godiva, and other major chocolate companies was grown illegally in national parks and other protected areas in Ivory Coast and Ghana. The countries are the world’s two largest cocoa producers.

The report documents how in several national parks and other protected areas, 90% or more of the land mass has been converted to cocoa. Less than four percent of Ivory Coast remains densely forested, and the chocolate companies’ laissez-faire approach to sourcing has driven extensive deforestation in Ghana as well. In Ivory Coast, deforestation has pushed chimpanzees into just a few small pockets, and reduced the country’s elephant population from several hundred thousand to about 200-400.

About half of the world cocoa market is controlled by just three companies: Cargill, Olam, and Barry Callebaut. The investigation traced how cocoa makes its way from growers in national parks, through middlemen, to these traders, who then sell it onto Europe and the United States where the world’s largest chocolate companies make it into truffles, bars, syrups, and myriad other chocolate treats.

“The extent to which big chocolate brands like Mars are linked to destruction of national parks and protected areas is shocking,” said Etelle Higonnet, Mighty Earth Campaign and Legal Director. “These companies need to take immediate action to end deforestation once and for all, and remediate past damage.”  

With West Africa’s forests nearing exhaustion, the chocolate industry has begun to bring its model to other rainforest regions like the Peruvian Amazon, the Congo Basin, and Southeast Asia’s Paradise Forests.

“The ancient forests of our nation, once a paradise for wildlife like chimpanzees, leopards, hippopotamus, and elephants, have been degraded and deforested to the point that they’re almost entirely gone. This deforestation is due principally to the cultivation of cocoa. Our country has become dependent on a cocoa industry that destroys forests and the whole range of ecosystem services they offer the country. We must achieve a sustainable cocoa industry that respects forests and that actually benefits communities and the country’s economy. The big chocolate companies must make financial and technical contributions to support the government’s conservation efforts,” said SIGNO Kouamé Soulago Fernand, General Secretary ROSCIDET, a network of Ivorian NGOs specializing in environmental protection and sustainable development.

Our investigators found large villages of cocoa growers, in some cases consisting of tens of thousands of inhabitants, inside protected areas like national parks. We documented traders openly purchasing cocoa beans grown illegally inside these areas, which would then go on to be sold to most of the world’s largest chocolate companies. Despite many chocolate companies’ public sustainability initiatives, these practices have continued without any real change.

“The cocoa industry continues to exploit both forests and communities of West Africa for cocoa that is sold for large quantities of cheap, environmentally unsustainable cocoa beans. The low price of cocoa is costing us dearly here in Côte d’Ivoire in terms of deforestation and abuses of human rights. It is high time for the industry to start paying growers a living wage and to implement sustainable production practices to ensure the resilience of local ecosystems, because without forests we will all suffer and pay sooner or later,” said Sindou Bamba, General Coordinator of the Coalition of Ivorian Human Rights Actors (RAIDH).

On average, cocoa growers in Ivory Coast and Ghana are paid less than 80 cents (USD) per day and often work in dangerous conditions with long hours. Child labor is still prevalent throughout the industry, despite pledges by many chocolate companies to eliminate the practice.

The report comes at a time of unique opportunity for the chocolate industry to take real action for a more environmentally responsible future. Earlier this year, Prince Charles convened CEOs and senior leadership of 34 chocolate industry companies to begin to urge them to act on deforestation. The companies pledged to come up with a concrete plan by November’s climate summit in Bonn.

“This report shows that the chocolate industry’s long history of heralding their own commitment to sustainability hasn’t stopped them from engaging in egregious behavior,” said Higonnet. “Prince Charles has managed however to get the industry to finally start talking about doing something real, creating a unique moment in which change is possible.”

 

About Mighty Earth

Mighty Earth is a global environmental campaign organization that works to protect forests, conserve oceans, and address climate change. We work in Southeast Asia, Latin America, Africa, and North America to drive large-scale action towards environmentally responsible agriculture that protects native ecosystems, wildlife, and water, and respects local community rights. Mighty Earth’s global team has played a decisive role in persuading the world’s largest food and agriculture companies to dramatically improve their environmental and social policies and practices. More information on Mighty Earth can be found at https://www.mightyearth.org/.

Read the full report here.